mercredi 5 novembre 2008

les années rigolutionnaires, deux

Devant la soif de connaissances manifestée par une partie non négligeable de mon public, je me vois obligé de revenir sur cette période troublée des années 90, si fertile en évènements dont la portée n'a pas encore été mesurée par leurs protagonistes...

Du moins, ceux qui ont encore un emploi décemment rémunéré.



A cette époque, pour une jeunesse nantaise soucieuse de justice sociale comme de lutte anti-coloniale et celà sans la moindre concession petite-bourgeoise, il n'était pas dégradant de revendiquer sa bretonitude, de porter une barbichette trotskophile et d'entonner gaillardement "la blanche hermine" en terrasse au bout de la 3ème tournée de Coreff...

Des expériences multiples égayaient nos moments de liberté et nous permettaient d'oublier quelques instants, le roboratif bachotage que nous imposaient enseignants, parents et peur du chômage. Mêlant les nobles et ancestrales coutumes celtiques aux rituels orientaux d'une sagesse multimillénaire, nous recherchions l'harmonie avec les éléments naturels tout en manifestant, en osmose totale avec notre karma, une frénésie physique de bonobos sous extasy !!!


Mais, guettant dans l'ombre, tapie et menaçante, plus sournoise qu'un RMIste demandant un crédit-auto, l'hydre de l'oppression médiatico-coloniale n'attendait que cette effervescence libératrice pour planter ses crocs, entartrés par le suc de ses mensonges, dans la frêle jugulaire de notre bonheur régionaliste...

Jean-Pierre Pernaut parla de nous, un jour à 13 heures, livrant nos idéaux éthérés en pâture apéritive à 15 millions de francophones avachis devant leur plat du jour, leur épouse résignée et un quart de vin de table...

C'était la fin...Nous étions vulgarisés, médiatisés, coming-outisés et de fait galvaudés, popularisés, déchus !!! Notre mouvement se déchira très vite en querelles de clochers, disputes stériles et négociations de droits publicitaires...Certains réussirent même, en mélangeant sincère attachement à la cause et sens des affaires, à commercialiser quelques gadgets touristiques estampillés BZH et à en récolter quelques subsides. Le paillasson-crêpe, la mouette-alarme et le menhir sex-toy, pour ne citer qu'eux, connurent un succès immédiat quoique provisoire face à la concurrence asiatique...

Quant aux autres ( dont j'étais ), ils se tournèrent vers les professions les plus aptes à l'épanouissement de leurs qualités intrinsèques comme l'alcoolisme, la fainéantise et la confusion mentale...Tout en continuant de revendiquer haut et fort ces valeurs inextinguibles qui fondent, assurent et subliment la dignité de l'homme luttant sans cesse pour améliorer la condition de ses semblables...


( à suivre )

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