
Si je confesse bien volontiers professer une certaine tendresse pour les
requins, d'un autre côté, par une cocasserie dont j'ai le plus grand mal à discerner les fondements, je n'éprouve pas la moindre empathie envers des êtres humains aux professions pourtant indispensables à la bonne santé de notre société comme, par exemple, les notaires, les proxénètes ou les footballeurs professionnels...
O insondables mystères de la conscience humaine !!!
Etrange dilection en vérité que celle qui m'a poussé adolescent à quasiment vénérer ce
saigneur des océans, cet éboueur charognard itinérant des mers ou plus poétiquement
Great White, comme on dit chez les massacreurs de kangourous, les baigneurs
californiens ou les anciens pratiquants de l' apartheid...

Je pense tenir un début d'explication dans un
trauma estival qui me fit, ahanant, suant et implorant, jouer les portefaix balnéaires dealer de chouchous, beignets périmés et
eskimos ramollis. Désireux de gagner quelque pécule, nécessaire à mes penchants dispendieux, inavouables et lycéens pour les cigarettes américaines, les chaussures anglaises et les interminables discussions de comptoir ( bien de chez nous, elles, par contre...), je n'avais trouvé que cet emploi, certes socialement humiliant, physiquement éprouvant mais ne nécessitant pas de grandes capacités intellectuelles, pour satisfaire mes prétentions juvéniles, au prix de mes vacances scolaires...

Sous les quolibets des
surfeurs de kermesse, chevelus, oisifs, bronzés et subséquemment gosses de
bourges ( qui zonaient là en attendant une hypothétique vaguelette agissant en précurseur des futures tempêtes d'équinoxe, afin de se la péter grave devant les
gonzesses en maillots ) je me mis à cultiver une rancoeur de damné de la terre. Un sentiment hargneux qui aurait pu, en d'autres temps, en d'autres lieux, me pousser au
maoisme radical, mais qui, grâce à ma pusillanimité de maigrichon boutonneux, se mua en un simple espoir fantasmatique de voir le réchauffement climatique s'accélérer suffisamment vite pour pimenter un
chouia les
pataugeries de ces connards en
tongs ...
Ah, les rêves de vengeance...La thalasso du prolo !!!
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